Autostoppeuses Fantastiques : Ania de Hitchhiker’s Handbook

Ania en randonnée dans le nord de la Thailande

Ai-je besoin de redire que j’ADORE cette chronique sur mon blog ? Quand j’ai commencé à bloguer sur l’auto-stop en 2010, il y avait vraiment peu de ressources, encore moins pour les femmes et surtout, PAR LES FEMMES.

C’est maintenant la neuvième fois que j’interviewe une auto-stoppeuse avec ce questionnaire et que j’ai la chance de vous présenter des situations très variées, des auto-stoppeuses parfois trouillardes, accompagnées de leur mec ou de leur meilleure copine, parfois des auto-stoppeuses en solitaire comme moi, des « hardcore hitchhikers », des radicales, des pionnières, des aventurières.

Toujours un point en commun : elles sont fantastiques. C’est fantastique d’être une femme et de faire du stop. C’est fantastique de braver ses peurs et d’aller à la rencontre des autres. C’est fantastique d’aller au-delà de la masse qui nous dit ce que l’on peut ou ne peut pas faire en tant que femme et choisir de prendre des risques si l’on en a envie au même titre qu’une parachutiste, une snowboardeuse, une BASE jumper, une cycliste… C’est fantastique d’aller à contre-courant pour faire quelque-chose qui nous plaît.

J’ai contacté Ania et Jon du site Hitchhikers Handbook puisque nos blogs se ressemblent beaucoup. Leur sujet est également l’auto-stop en priorité, et tout ce qui a trait à la culture du stop. Ils repartent bientôt sur la route (début 2015) pour un long voyage en Asie à l’aide de leurs pouces.

The Long Way Home 2015 projet de Jon et Ania

 

Qui es-tu ? Présente-toi en quelques mots pour les lectrices de Globestoppeuse

Je suis Ania, co-fondatrice du blogue HitchHikersHandbook.com, une voyageuse et photographe passionnée. Mais dans ma vie de tous les jours, je suis juste une Polonaise normale qui gagne sa vie en enseignant l’anglais en Espagne.

Comment décrirais-tu ton style de voyage ?

Je suis une auto-stoppeuse et une fan de slow travel, ce qui nous fait tenter de rester le plus longtemps possible aux endroits que l’on visite plutôt que de se dépêcher à le cocher sur sa liste de destinations (bucket list).

J’aime découvrir des choses sur les lieux que je visite, alors quand je voyage, j’essaie d’apprendre quelques mots dans la langue locale, apprendre (ou du moins essayer) quelques plats locaux, des jeux et de la musique locale.

J’aime passer du temps avec les gens du coin, qu’ils soient conducteurs, hébergeurs ou bien que l’on ne fasse que jeter un regard sur leur vie quotidienne en apprenant quelque chose d’eux.

Tu es une auto-stoppeuse. Que penses-tu de l’auto-stop ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Ania hitchhiking in PortugalL’auto-stop est une superbe façon d’apprendre sur les lieux que l’on traverse, notamment parce que vous passez la plupart de votre temps avec les gens, apprenant leur langue, vous faisant inviter à leur domicile ou à leur travail, etc.

L’auto-stop est aussi une grande aventure où la suite des choses est imprévisible et le meilleur plan est de ne pas en avoir. Quand vous laissez les locaux choisir ou recommander la prochaine destination, vous pouvez découvrir des endroits incroyables qui ne sont pas décrits dans les guides de voyage.

Finalement et surtout, l’auto-stop rétablit ma confiance en l’humanité. Quand tu te tiens pendant des heures au bord de la route sous une chaleur torride ou un froid mordant, tu as faim, tu es fatiguée et finalement quelqu’un s’arrête pour toi, t’emmène chez lui ou t’offre une boisson sans rien attendre en retour, c’est l’une des meilleures sensations que l’on peut ressentir.

Je vis dans une grosse ville où l’on ne parle jamais aux étrangers, encore moins les inviter dans sa voiture où leur offrir un verre, et j’oublie parfois à quel point les gens peuvent être gentils. Quand je suis sur la route, je me sens incluse dans cette superbe communauté humaine et je sais que les gens sont bons peu importe là où l’on va.

Être une femme, en voyage, pour toi, ça change quoi ?

Tout dépend de là où l’on va. Être une voyageuse est différent en Espagne d’en Azerbaïdjan, mais de façon générale, l’on doit être encore plus au fait des coutumes locales lorsque l’on est une fille. On devrait savoir avec qui il est approprié de parler ou de serrer la main, de quelle façon se vêtir, etc. Si l’on ne respecte pas les règles sociales locales implicites, on ne pourra jamais complètement comprendre et participer à la culture locale et l’on sera toujours perçu comme un outsider, alors je crois qu’il est très important de suivre ces règles même lorsqu’elles vous semblent étranges (devoir porter un voile ou ne pas être admise dans un salon de thé).

Avec ton conjoint Jon, tu publies le blog Hitch-hikers Handbook, est-ce que tu peux nous dire quelques mots à son sujet ?

Ania-in-Gobustan-AzerbaijanNous avons fondé HitchHikersHandbook pour qu’il soit une ressource utile aux autres voyageurs à petit budget. Certaines des sections les plus populaires de notre blogue sont des guides par pays et par ville, des trajets d’auto-stop et des tours de ville gratuits. C’est toujours écrit depuis la perspective d’un auto-stoppeur, alors nous nous concentrons sur les hébergements les moins chers, les sites touristiques gratuits ou pas chers et de l’information utile sur comment faire du stop d’un endroit à l’autre (où se positionner, comment passer les frontières, etc.).

Et puis comme je suis à fond dans la photographie, il y a aussi des tonnes de photos de nos voyages et nous organisons un concours hebdomadaire de photographie de voyage où tout le monde peut participer et inspirer les autres au voyage.

Nous voulons que HHH soit une expérience partagée, alors nous sommes ouverts aux contributeurs qui voudraient partager leurs connaissances sur un endroit qu’ils ont visité ou raconter une poignante histoire de voyage.

Un conseil pour les femmes voyageuses ?

Avant de rencontrer Jon, je voyageais seule et en tant que femme seule j’ai visité la Norvège, l’Ukraine, le Japon, la France, la Serbie et la Hongrie, entre autres pays.

Ania et un nouvel ami serbe au Kosovo
Ania et un nouvel ami serbe au Kosovo

Si vous voyagez en tant que femme seule, vous devez être plus prudente quant à vos destinations et les gens auxquels vous parles que si vous tiez un homme, mais cela ne devrait jamais vous empêcher de voyager.

Comme je disais plus haut, l’auto-stop m’a enseigné que les gens sont gentils et généreux peu importe l’endroit où vous allez, alors il n’y a aucune bonne raison de ne pas voyager juste parce que l’on est une femme

De bien des façons, il est plus facile pour une femme de voyager seule qu’un homme parce que vous êtes remarquée et rencontres une quantité énorme de gens épatants.

Un désavantage est que vous devez connaître vos limites et ne pas trop remplir votre sac à dos que vous devrez transporter vous-même. Soyez raisonnable quant à la quantité de matériel que vous emportez et ne faites pas l’erreur de cette backpackeuse française rencontrée au Japon qui transportait un sac de 30 kg avec des aquarelles et des bouteilles de vin entre autres choses inutiles !

Retrouvez Ania et Jon sur Facebook et Twitter

 

6 Commentaires for “Autostoppeuses Fantastiques : Ania de Hitchhiker’s Handbook”

Lucie

dit :

Bien que connaissant déjà la Bible du Gd voyageur, je découvre ce blog avec cette interview, que je trouve vraiment géniale !
J’ai fait mon premier voyage en stop avec une amie cet été. J’ai trouvé ça incroyable cette liberté accordée par le stop, après avoir parcouru 800 km en stop nous ne voulions plus prendre l’avion. Pourtant, le stop en solo continue de me faire peur. J’espère qu’un jour j’en aurait le courage, en attendant je vais suivre de près ces interview de stoppeuses qui ont l’air très inspirantes. Merci !

Globestoppeuse

dit :

Merci pour ta visite et ton petit mot Lucie ! Oui, le stop en solo fait peur. Si l’on transforme la peur qui nous fige et nous rend vulnérable en peur qui nous aide à réagir, la peur n’est pas un problème en soi, mais un outil pour assurer notre sécurité. Entretemps, je continue à chercher de nouvelles auto-stoppeuses à interviewer pour mieux nous inspirer ! 🙂

Lucie

dit :

Effectivement, je n’avais pas réalisé qu’on peut retourner la peur pour la faire revenir à sa fonction primaire, celle de nous protéger du danger.
Si un jour tu cherches quelqu’un pour une interview de débutante du stop, je serais ravie de participer, même si je n’ai qu’une petite expérience (un seul long voyage + e petits trajets dans la campagne française).

Mochila

dit :

Toujours aussi fan de cette rubrique.
Comme Lucie, le stop en solo me fait peur. Par contre, je voyage actuellement seule en Amérique Latine et jusqu’ici, j’ai toujours pu dépasser mes peurs. Je crois que je suis encore trop impregnée des conseils entendus.

Globestoppeuse

dit :

En fait TA peur peut être utile, elle fait partie de ton système de sûreté. Celle des autres, faut la passer 3 fois à la lessive, mettre du détachant et du javelisant. Ouste ! C’est qu’elle laisse des marques et à vrai dire, elle ne set strictement à rien !

Laisser un commentaire