Interview: Mélanie et Tristan – Tam a Tam – Voyages sonores

Comment définissez-vous votre projet ? Est-ce que c’est plutôt un voyage d’artistes acoustiques professionnels, un projet voyage ludique de collectionneurs sonores ?

Tamatam – Voyages Sonores c’est neuf mois de collecte de sons de l’Islande à la Grèce ainsi que des restitutions sonores variées : partage sur www.tamatam.fr, émissions radio, expositions, rencontres-débats, séances d’écoute…
À pied et en stop, nous allons à la découverte de richesses culturelles et à la rencontre des gens, pas à pas (Tamm ah tamm en breton !)
Nous enregistrons des atmosphères sonores (57’s– photographie sonore) et des paroles d’habitants (What about… et Initiatives) pour surprendre vos oreilles et éveiller votre curiosité sur les représentations de l’Europe aujourd’hui.
Nous nous définissons comme des récolteurs de sons mais le terme de collectionneurs nous plait aussi, pourquoi pas en effet collectionner les sons de nos balades ainsi que d’autres voyageurs !

Dans quel contexte est né le projet ?

L’association Les Ateliers de Mélanie travaille depuis plusieurs années à mettre en mouvement la parole pour des publics variés comme des adultes étrangers qui apprennent le français, des chefs d’entreprise qui souhaitent renforcer leur confiance en eux…
L’association utilise de nombreux outils dont principalement le théâtre et les créations sonores.
Nous voulons avec ce projet aller à la rencontre des habitant-e-s de l’ Europe et créer des sons pour partager nos découvertes.

Quel est votre itinéraire ? Est-il flexible ? Vous « rentrez » quand ?

L’itinéraire s’est construit au fur et à mesure des rencontres.
Au départ, nous savions que nous irions en Islande, en Finlande et en Grèce. Nous sommes passés par les pays baltes, la Pologne, la Slovaquie, l’Autriche, la Slovénie, l’Italie, la Croatie, la Bosnie Herzégovine, le Monténégro, l’Albanie et la Grèce avec des détours, nous préférons les courbes aux lignes droites !
Pas de planning ni de route. C’est volontaire pour rester ouvert à la rencontre. Si on nous invite à rester plus longtemps ici ou là ou qu’on nous conseille tel endroit ou telle personne, nous y allons!
Nous rentrons en avril 2014, dans l’ouest de la France… et nous ne savons pas encore par quel chemin.

Que représente le son pour vous?

Radio Tamatam
Interview radio en Slovénie
Le son contient une forte capacité évocatrice, il laisse place à la rêverie et à l’imagination. Le côté narratif demande de prendre le temps pour écouter. Il faut donc ralentir et se rendre disponible.
Les photographies sonores de 57’s font toutes la même durée, et pourtant nous avons parfois l’impression que le temps n’est pas toujours le même… Cela dépend de ce que l’on écoute, de son humeur et aussi de l’ambiance extérieure…
Partir sur les chemins avec un enregistreur, c’est aussi un beau prétexte pour rencontrer des gens, oser poser des questions qui nous titillent… et passer au delà des barrières.

En tant que chasseurs de sons, quels sont les plus faciles à capturer ? Quelles sont les bêtes rares, vos plus beaux trophées ? Un son qui vous a particulièrement ému ? Un son que vous auriez aimé capturer..

Les sons les plus évidents sont probablement les musiques; le rythme, la mélodie facilitent l’écoute et sont aussi pour nous plus simples à capter.
Un trophée ? Beaucoup de sons nous ont émus car ils sont liés à notre vécu, nos émotions partagées avec les personnes. Les auditeurs n’ayant pas le même vécu, ils perçoivent les sons différemment, c’est pourquoi nous réalisons des séances d’écoute collective, pour partager, pour se nourrir des impressions…
S’il faut en choisir un, disons What about Iceland : Fjola : une histoire amusante, une personne touchante. C’est à partir de cette rencontre que nous avons trouvé le format pour partager les paroles d’habitants.
Un son que nous aurions aimé capturer récemment : des enfants venus chanter la veille de Noël chez notre hôte comme le veut la tradition en Grèce… Surpris, nous en avons oublié l’enregistreur.

Avec quel genre d’équipement enregistrez-vous les sons ?

Nous avons un enregistreur numérique de poche, un Edirol Roland R05. C’est suffisant dans la grande majorité des cas, son poids nous a séduits!

Vous avez choisi l’auto-stop pour principal moyen de transport. Pourquoi ? Qu’est-ce que le stop représente pour vous ?

Le fil rouge de ce voyage est la rencontre, d’où le stop!
C’est le meilleur filtre naturel pour les bonnes rencontres! Si la voiture s’arrête, c’est presque toujours dans une démarche d’ouverture vers l’autre. Le stop est un bon moyen de casser ses stéréotypes et de renforcer sa confiance en soi et dans l’autre.
Le stop c’est aussi la magie de croiser des vies, des histoires, des personnages.
Sur les routes de Crête…

Pratiquer l’auto-stop c’est aussi aller vers l’imprévu : le temps d’attente, la destination, le véhicule, les sujets de conversation… Rien n’est prévisible, cela met du piment au voyage et créé souvent des situations dans lesquelles on doit s’adapter, improviser tout en étant dans l’acceptation.  L’attente peut être perçue comme un temps pour rêver, s’évader. Rien n’est écrit, c’est notre vision du voyage et c’est aussi l’occasion d’apprendre à jouer de l’harmonica !

Est-ce que vous avez eu des situations délicates ou dangereuses en auto-stop depuis le début de ce périple ?

Seulement des conduites trop rapides et périlleuses …

Pouvez-vous nous suggérer de bons sons que vous avez récoltés en stop ?

En Islande…
Il y a de nombreux What about réalisés après avoir discuté pendant le trajet ; et des prises de sons sur la route comme Sur la route avec Bjork qui nous rappelle une belle rencontre avec trois graffeuses qui faisaient elles aussi le tour de l’Islande. Tous serrés dans une petite voiture, on écoute la musique de Bjork; les paysages nous laissent sans voix, pas un village à l’horizon, la conductrice baisse le volume pour annoncer qu’on manque d’essence… Et remet le son!

Un conseil aux voyageurs en auto-stop ?

Mélanie sur les chemins de Lettonie
Conseils classiques : éviter la nuit et les autoroutes. Dans le cas de l’autoroute, se faire déposer aux péages ou dans une station service.
Si vous ne sentez pas la personne, ne montez pas. Être clair avec les personnes, être sûr de se faire comprendre. Toujours garder son calme et rester ferme, juger du risque. Éviter de s’endormir, sauf si vous êtes deux, somnoler à tour de rôle… Garder sur soi ses papiers et éventuellement un petit sac précieux si vous devez abandonner votre gros sac qui resterait dans le coffre, l’idéal est de garder son sac avec soi… De manière générale, être vigilant et ouvert d’esprit…
Levez le pouce, vous serez agréablement surpris et surtout faites confiance à votre feeling, écoutez-vous, soyez patient et curieux, le stop est un échange. Quand la voiture s’arrête, la magie du stop opère….

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