Auto-stop d’hiver : Planification d’un trajet

Route hiver par flickr : afckeeper95
Source flickr : afckeeper95

Lorsque je vivais à Iqaluit, un ami m’a prêté deux livres. Il est maintenant déménagé à Yellowknife et je me suis promise d’aller les lui ramener en personne. Le souci, c’est que j’aurai le temps de le faire seulement cet hiver. Qu’à cela ne tienne, voici une opportunité pour moi d’approfondir ma pratique de l’auto-stop d’hiver !

J’ai déjà fait de l’auto-stop l’hiver : en Norvège en décembre et au Canada dans un périple mémorable de mes Îles-de-la-Madeleine natales jusqu’à Montréal (1400 km), par -35oC, le 31 décembre et le 1er janvier 2006. Par chance, j’ai été hébergée spontanément par une jeune femme atteinte de déficience mentale, mais ça, c’est une autre histoire qu’il me faudra raconter…

 

Ce que je sais de l’auto-stop d’hiver, c’est qu’il faut s’y préparer adéquatement. Ce n’est pas tout de s’habiller chaudement. Il faut prévoir de s’habiller en couches et de se protéger la tête et les extrémités. Lorsque je fais du stop, j’ai souvent avec moi deux sachets de chauffe-pieds (chaufferettes en France), deux paires de chaussettes sèches supplémentaires et des mitaines (mouffles), plus chaudes que des gants. Et sinon, je risque de vous décevoir… Mon équipement n’est pas plus spécialisé que ça !

Bien sûr, je ne compte pas bivouaquer en chemin mais bien compter sur de l’hébergement organisé (en l’occurrence Couchsurfing) ou spontané, l’auto-stop étant une pratique de rencontre. Aux difficultés du climat s’ajoute les jours qui raccourcissent, tant en fonction de la saison que de la latitude. Par exemple, au 10 janvier) date potentielle de mon départ de Montréal, la journée durera près de neuf heures, mais si je suis à Yellowknife dans les environs du 20 janvier, elle sera de moins de six heures et demie. Je me dois d’en tenir compte et de planifier des trajets plus courts chaque jour tout en connaissant les villages sur ma route, en cas de pépin.

J’anticipe tout de même que la partie la plus difficile du voyage sera celle où la densité de population est la plus faible et le climat le plus rude, c’est-à-dire d’Edmonton à Yellowknife, mais je peux me tromper. Voyez plutôt la carte :

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En choisissant de suivre la Route transcanadienne, je m’évite un passage aux États-Unis à l’aller (qui me demanderait plus de préparation en termes de recherche) et je me donne une chance de tomber sur un routier qui fait le trajet vers Winnipeg. C’est aussi une route mythique qui comprend une portion réputée être un « trou à pouceux »: les environs de Wawa, entre Sault-Sainte-Marie et Thunder Bay, dans le nord de l’Ontario.

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La première étape consiste à découper les 5200 km de cet itinéraire en journées d’auto-stop, à moins de planifier le trajet en non-stop (pas d’arrêt d’hébergement), ce qui est très possible quand on campe sur le route, mais déconseillé l’hiver. En temps normal, je planifie des trajets de 700-1000 km par jour, mais pour l’hiver, je vais généralement réduire cette distance à 500-700 km/j. Enfin, l’une de mes contraintes est de m’arrêter à Saskatoon voir la belle Malika chanter. Je prévois que le retour se fera sans doute sur un itinéraire similaire Voici donc un premier découpage d’itinéraire:

Arrêt Distance Note Parcours alternatif Distance
Montréal 0 km      
Ottawa 200 km Mes parents
Sudbury 485 km Sault-Ste-Marie 789 km
Thunder Bay 995 km Thunder Bay 691 km
Winnipeg 699 km
Regina 573 km Saskatoon 831 km
Saskatoon 258 km Très court
Edmonton 525 km
Peace River 488 km
High Level 296 km Très court Fort Providence 710 km
Yellowknife 729 km Yellowknife 315 km
Il est donc probable que je tente de suivre comportant moins d’étapes. Les portions les plus longues ne seront pas nécessairement les plus difficiles à réaliser puisqu’il y a très peu de communautés et pratiquement aucun embranchement passant dans certaines sections. Mon choix de m’arrêter ou non à Sudbury ou à Regina sera probablement conditionné par la destination finale de mon conducteur et l’heure à laquelle il m’y laisserait. Quand aux arrêts de High Level ou de Fort Providence, il est peu probable que je les fasse puisqu’il me semble logique que passé Peace River, une forte proportion des véhicules fasse le trajet jusqu’à Yellowknife. Je peux donc envisager de faire les quelques 1200 km en non-stop.
J’ai donc noté tout ça sur une carte tout en y notant les endroits où il y avait des Couchsurfeurs entre Edmonton et Yellowknife, en cas de pépin. J’ai sauvegardé le tout sous Google Maps.
Comme ça tout est prêt pour la prochaine étape de préparation, c’est à dire le calendrier et la prise de contact. Je vous tiens au courant !

13 Commentaires for “Auto-stop d’hiver : Planification d’un trajet”

Anonymous

dit :

Allo Annick Marie !
Avec Ilé et Nadim on veut partir a Tadoussac pour le nouvel an.
Comment faire lorsque ce sont des routes peu passantes…? :/
Est ce que tu penses que je devrais le faire en deux fois avec un arrêt(nuit)?

xx, Lola (anthropo).

Anick-Marie Bouchard

dit :

Bonjour belle Lola ! J’aurais tendance à faire un arrêt à Québec histoire de ne pas être stressée d’arriver. Montréal-Québec se fait assez bien, mais il vous faudra changer de rive (sud au nord) et ça n’est quand même pas en criant « ciseaux », surtout à trois ! En fait, le nombre est surtout le point difficile de votre projet.

Pour ce qui est du faible trafic, il ne joue pas toujours contre vous, au contraire. Les gens en régions plus éloignées sont en général compréhensifs, vu la rareté et le coût des transports en commun. L’important, c’est d’être visible et de ne pas vous faire déposer complètement au milieu de nulle part, sans habitations aux alentours. Mais comme Tadoussac est sur la 138, vous risquez assez peu !

Pensez aussi à laisser plus d’espace aux gens pour s’arrêter, à être sécuritaire pour eux. En hiver, la distance de freinage est plus longue, d’où l’intérêt d’être bien visible et très bien placé. Les stations service vers la sortie des villes/villages sont de bons endroits qui répondent à tous ces critères au Québec

Camille

dit :

Et du coup, qu’en est-il de ce projet, presque 6 ans après ? Je suis justement en train de l’envisager pour début mars, alors ça m’intéresse de savoir si tu l’as concrétisé 😀

Globestoppeuse

dit :

Jamais réalisé – je vis désormais en Europe. Ça reste un rêve à réaliser 🙂

Je ne serais pas très préoccupée pour début mars (les journées sont beaucoup plus longues, déjà), mais il ne faut pas trop être coincé dans le temps, une tempête de neige peut frapper, et on peut difficilement planifier le temps que prendra le passage ontarien – qui est sans doute la partie la plus difficile.

Camille

dit :

Merci pour ta réponse !
Pourquoi l’Ontario est la partie la plus difficile ? (désolée si ma question est naïve). Je pensais justement que le plus dur serait de remonter vers Edmonton/Yellowknife à partir de Calgary. Parce que franchement, qui se tape Calgary – Yellowknife en voiture en hiver (bon mars ça reste l’hiver jusqu’au 21)?

Camille

dit :

Hello !
Je voulais juste mettre un petit message pour tous ceux qui planifieraient de suivre cet itinéraire : n’hésitez pas ! Je l’ai fait. 🙂
Je suis partie début mars (température aux alentours de 0° pendant toute ma traversée, j’ai eu de la chance).
J’ai fait Montréal – Ottawa en 1 jour (seulement 200km, sans stress). Puis de Ottawa, je suis montée jusqu’à North Bay et de là, je suis directement allée jusqu’à Thunder Bay (2 jours, mais une partie du trajet a aussi été faite la nuit, j’étais avec un camionneur). Thunder Bay – Winnipeg en une journée, Winnipeg – Saskatoon en une journée, pareil jusqu’à Edmonton.
Ma destination finale était Hay river, soit 6h en bas de Yellowknife. J’avais prévu du couchsurfing à Peace River ou Grand Prairie pour ne pas me stresser. En une journée, j’ai aisément fait le trajet d’Edmonton à Peace River. Et le lendemain, je me suis rendue sans peine à Hay River.
Conseil 1 : visez les camionneurs ! Ils voyagent principalement de grande ville en grande ville. De North Bay à Edmonton, c’est principalement avec eux que j’ai voyagé. Rendez-vous dans les truck stops comme « Flying J » ou « Husky truck stop », sur les grands axes routiers un peu à l’extérieur des villes.
D’Edmonton à Hay River, il y a bel et bien des voitures qui passent, même en hiver (mars). Beaucoup de pick ups. Ma plus longue attente dans le nord a été d’1h. Plus que raisonnable, donc. Je n’ai plus voyagé en camion après Edmonton.
Conseil 2 : de Ottawa à Thunder Bay. Vous avez le choix entre deux routes, la 11 (au-dessus) et la 16 (en-dessous). Les camionneurs qui vont à Thunder Bay utilisent en majorité la 11. Je vous conseillerais donc de monter jusqu’à North Bay (il y a un truck stop) si vous voulez trouver quelqu’un qui vous amène directement à Thunder Bay. Vous pouvez également passer par la 16, qui apparemment est plus jolie, surtout en été. Mais faites gaffe à Wawa!!! Il paraît qu’il est facile d’arriver dans cette ville, mais pas d’en sortir ;)…
Si vous pensez à le faire, je ne peux que vous le recommander ! Les gens sont tellement gentils. 🙂
Et merci beaucoup pour ton article et ton itinéraire, qui a été ma base pour toute ma préparation ! Tu m’as beaucoup aidée.

Globestoppeuse

dit :

Wow, merci pour ce retour d’expérience ! Effectivement, le nord de l’Ontario est une bête noire parce que la légende dit que l’on peut rester beaucoup trop longtemps coincé à Wawa. Il suffit de passer cette portion et les attentes ne sont pas censées être très longues.

Pour aller dans le nord, je n’aurais pas craint que ça manque de passage – il faut bien ravitailler donc à défaut de voitures, il y aura toujours des camions et ils sont souvent plus libéraux sur la prise de stoppeurs que les routiers européens. S’il y a une route asphaltée, il y aura un faible passage. Bonne idée de faire du non-stop chaque fois que possible.

Sinon, tu aurais envie de te présenter comme autostoppeuse fantastique sur le blog?

Encore merci 🙂 J’apprécie que la préparation ait servi à quelqu’un, et je le réaliserai sans doute un jour, avant la retraite 😀

Camille

dit :

Autostoppeuse fantastique ? Je ne pense pas l’être. Pas encore en tous cas. 🙂
Je suis en train de prévoir du stop jusque Whitehorse, pour ensuite redescendre tout BC jusqu’à l’Île de Vancouver.
Reparlons-en après…

Globestoppeuse

dit :

Pour moi, une autostoppeuse fantastique, c’est quelqu’un qui fait du stop en dépit des injonctions genrées à ne pas en faire. Tu te qualifies tout à fait pour ce titre 🙂 Fais-moi signe si tu changes d’idée – c’est toujours agréable de présenter des profils variés en terme d’expérience(s)

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