Autostoppeuses fantastiques : Solenne

C’est David, un globetrotteur alternatif venu me voir au Salon Tourissima de Lille qui m’a glissé deux mots sur Solenne, une voyageuse solo qui en jette.

Elle me rappelle un peu moi avant la fondation de Globestoppeuse : je voyageais, simplement. C’était mon mode de vie, voire même mon art de vivre, et je ne cherchais pas à communiquer sur le sujet. La réflexion sur le fait d’être une femme en voyage m’avait très peu effleurée. Certes, je ne voyais pas beaucoup d’autres femmes faire la même chose, mais elles existaient et j’en entendais parler dans les murmures des meetings de voyageurs, et si beaucoup de conducteurs jugeaient trop risqué qu’une femme voyage en auto-stop, ils jugeaient aussi souvent le stop dangereux en général.

Elle n’est ni blogueuse voyage ni habituée des projets labellisés, mais depuis que je suis son profil Facebook et ses découvertes namibiennes, je ne me lasse pas. Solenne communique remarquablement bien ses découvertes à coup de petits statuts et de photos éloquentes. Avec elle, je fais un long voyage !

Mais surtout, Solenne est une auto-stoppeuse fantastique !

Solenne en auto-stop au Kirghizstan, juillet 2016
Kirghizstan, juillet 2016

Qui es-tu ? Présente-toi en quelques mots pour les lectrices de Globestoppeuse.

Je m’appelle Solenne, j’ai 35 ans et je travaille depuis quelques années comme professeur de FLE (Français Langue Etrangère) à l’étranger. Depuis que j’ai fini mes études universitaires, il y a 12 ans, je n’ai cessé de voyager et vivre à l’étranger, pour des raisons particulières (stages, volontariat, emplois) ou « juste comme ça », pour l’expérience et le plaisir de découvrir de nouveaux endroits. Je ne suis jamais restée dans le même pays plus d’un an. Voyager est mon loisir principal, qui occupe quasiment 100% de mon temps libre, que ce soit pendant les weekends, pendant mes vacances ou lorsque je ne travaille pas. Je reste parfois plusieurs mois sans enseigner, afin de voyager, et je retourne enseigner lorsque l’envie me prend ou lorsque je trouve un poste dans un endroit intéressant.

Comment décrirais-tu ton style de voyage ?

Flexible, intuitif et passionné ! J’aime voyager pour découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, de nouvelles personnes. Ce qui m’intéresse le plus, c’est d’essayer de comprendre… Comprendre pourquoi telles personnes vivent et pensent de telle façon, comprendre leur vie, leur environnement, leurs habitudes… J’aime aussi découvrir de nouveaux paysages, vivre des expériences différentes. Je pense qu’il y a de la beauté partout et dans tout, et c’est cela que je recherche.
Je suis mon instinct, j’aime discuter avec les locaux, je fais confiance aux gens que je rencontre sur ma route. Et c’est pour toutes ces raisons que j’aime voyager en auto-stop. L’auto-stop m’offre sans cesse de magnifiques surprises, rencontres et émotions.

Tu es une auto-stoppeuse. Que penses-tu de l’auto-stop ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Auto-stoppeuse au bord de la route en Afrique, Solenne en Namibie
Namibie, mars 2017

L’auto-stop a vraiment changé ma vie et ma façon de voyager ! Lorsque j’ai commencé à voyager seule avec mon sac à dos, au départ je ne faisais pas de stop. Tout simplement cela ne m’était jamais venu à l’idée et je n’en avais jamais fait auparavant. Donc je prenais des bus, des trains, etc. A l’époque où j’habitais en Pologne, j’ai commencé à faire du stop avec des amis polonais pour nous rendre dans des villages ou tout simplement pour sortir le soir. Puis, un jour, j’ai été « obligée » de faire du stop! Je voyageais de Debrecen, en Hongrie, jusqu’à Oradea, en Roumanie, où je devais participer à une conférence. J’avais vu sur Internet qu’il y avait un bus, mais l’information était fausse. Que faire? Le couchsurfeur hongrois qui m’avait hébergée la nuit précédente m’a dit: « Only one solution: hitchhiking! » J’étais assez effrayée, mais je n’avais pas le choix. Il m’a amenée à un bon endroit et s’est caché sur le bord de la route. J’ai levé mon pouce et tout de suite s’est arrêté un camion roumain. J’ai échangé très peu de mots avec mon chauffeur, absence de langue commune oblige. Nous avons traversé la frontière et il m’a déposée à l’entrée d’Oradea. Parfait ! Voilà comment tout a commencé…

Puis, au cours de mes voyages suivants, j’ai commencé à faire de plus en plus de stop, jusqu’à ne faire QUE du stop. Le stop a donné une tout autre dimension à mes voyages : la possibilité de rencontrer beaucoup plus de personnes, de vivre des moments drôles et inoubliables, d’avoir plus d’information sur les endroits que je traversais, de me faire inviter chez des locaux et de découvrir une hospitalité incroyable, de rire de tout et n’importe quoi… Le stop est aussi devenu la façon dont j’ai appris des langues étrangères et dont j’ai mieux exploré les pays que je traversais ou bien où je vivais. Le stop m’a donné accès à toutes les classes sociales et m’a permis de mieux comprendre la réalité de certains pays.

Aussi, d’un point de vue personnel, les voyages et le stop m’ont apporté une assurance et une confiance en moi que je n’avais pas avant et ils m’ont permis de savoir ce que je voulais faire de ma vie. Plus jeune, j’étais ultra-timide et complexée. Ces expériences de voyage m’ont permis de grandir, de mieux me connaitre moi-même et d’avoir la force de mener la vie qui me plait… Une vie peut-être un peu atypique, mais qui est celle que j’ai choisie !

Être une femme, en voyage, pour toi, ça change quoi ?

Honnêtement, je n’ai jamais considéré le fait d’être une femme comme un désavantage, bien au contraire. Bien sûr, quand je voyage, j’entends toujours ces mêmes commentaires : « Une femme qui fait du stop seule, c’est tellement dangereux… Surtout de nos jours ! » « Vous n’avez pas peur de vous faire agresser? », etc. D’un autre côté, étant une femme, étant petite et ayant l’air très inoffensive, faire du stop est pour moi très facile ! Les chauffeurs ont rarement peur lorsque je monte dans leur voiture, sauf peut-être dans les pays occidentaux où les gens tendent à être très parano de tout et de tout le monde. Beaucoup de femmes au volant s’arrêtent aussi en me disant : « Je m’arrête parce que vous êtes une femme. Vous seriez un homme, ce serait différent ! » Comme quoi c’est un avantage ?

Aussi, je dois dire que j’ai beaucoup voyagé au Moyen-Orient et j’y ai vécu. Dans cette région, voyager seule est très facile. Les gens, ou plutôt les hommes puisque ce sont le plus souvent eux qui sont au volant, sont souvent surpris de voir une femme seule au bord de la route et ils s’arrêtent immédiatement, par curiosité et pour aider.
Bien sûr, être une femme qui voyage seule attire aussi des sollicitations, c’est indéniable. Mais je ne me suis jamais sentie en insécurité. J’ai juste appris à repousser ces sollicitations, à faire comprendre à mes chauffeurs que je cherche juste quelqu’un qui puisse me conduire du point A au point B et que, si cela ne leur convient pas, ils n’ont qu’à me déposer immédiatement.

Tu es en voyage depuis quelques temps déjà. Est-ce que tu peux nous dire quelques mots à ce sujet ?

Cela fait maintenant 12 ans que je voyage et vis à l’étranger. Je change de travail et de pays tous les ans, essayant d’explorer des régions du globe différentes. Et lorsque je ne travaille pas, je me rends généralement en France, chez moi, pour rendre visite à mes amis et à ma famille pendant quelques jours, puis je repars sur la route.
Je ne compte pas m’arrêter, en tout cas pas dans un futur proche. Après, on verra. Je ne fais jamais de plans à long terme, car ils ne fonctionnent jamais. Il y a encore tellement de pays que je souhaite explorer, tellement de personnes et peuples que je veux rencontrer et tellement d’endroits où je souhaite enseigner ! J’ai déjà des contacts avec plein d’écoles dans des lieux très intéressants.

autostoppeuse en Russie, Solenne Horellou
Russie, octobre 2012

Je n’ai pas de blog, ni de site, ni de projet. Je prends juste des photos que je poste sur mon compte Instagram et sur mon profil Facebook, afin de partager et de faire découvrir. J’ai beaucoup d’amis et d’autres personnes qui me conseillent fréquemment d’écrire des livres ou des articles et « d’exploiter » mes voyages. Après l’année que j’ai passée en Biélorussie, je voulais vraiment écrire, pour raconter ma vision et mon expérience dans ce pays qui m’a beaucoup fascinée. Mais je n’ai jamais pris le temps de me consacrer à ce projet. Peut-être un jour… A l’âge de la retraite ou si je me retrouve immobilisée pour quelques mois. ?

Un conseil pour les femmes voyageuses ?

Je ne dirais qu’une seule chose : foncez et allez-y !

Voyager et faire du stop, c’est formidable, plus simple qu’on ne le croit et cela donne une vue du monde tellement différente ! Je pense cependant que chaque personne a SA façon de voyager et des choses particulières qu’elle aime dans le voyage. Le voyage aide à se découvrir et à découvrir la façon dont on aime voyager… et vivre !


Solenne Horellou vit présentement à Windhoek, la capitale de la république de Namibie.

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