Lectures : Comment je ne suis pas devenu moine

Ma note : 5 étoiles sur 5 !

Quand j’en empoigne une bande dessinée, je n’ai pas l’impression de vraiment être en train de lire. Mon cerveau plonge plus profondément dans les ambiances et se laisse porter par les dessins, dans les ambiances et dans les dialogues. Il me semble que c’est un médium particulièrement efficace pour raconter un voyage.

Aussi quand le québécois Jean-Sébastien Bérubé a annoncé la sortie de son livre « Comment je ne suis pas devenu moine » en France, je me suis précipitée en librairie pour me le procurer. L’auteur venait justement de terminer un long voyage alternatif aux airs de pèlerinage en terre nippone et sur lequel nous avions un peu échangé. Il faut dire que nous nous sommes rencontrés dans les méandres des liens tissés sur Couchsurfing il y a maintenant une dizaine d’années et que nous avions déjà évoqué notre intérêt mutuel pour la religion bouddhiste et les spiritualités indiennes.

En un seul tome, Bérubé raconte son cheminement à la fois spirituel et spatio-temporel. L’histoire débute à Montréal dans un centre bouddhiste tibétain, mais mène le jeune héros sac au dos sur les routes du Népal et du Tibet à la recherche des sages et des sagesses. Le roman graphique nous guide à travers sa quête dans les joies de la découverte, mais surtout dans les déceptions naïves, les erreurs candides, la colère et la résignation. Il découvrira que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs et que la nature humaine possède son lot d’imperfection et de corruption. En bref, cette histoire est celle d’un rite de passage pour l’entêté, le chercheur et l’idéaliste.

Au niveau du dessin et de la narration, j’ai très peu à redire. Le dessin de Bérubé est enlevé, voire griffonné, mais ce style évoquant le croquis agit comme une lentille focale qui permet de détacher l’action du fond et rend la lecture particulièrement aisée. Les paysages sont mis en valeur en douceur, maîtrisant l’art de la perspective et reflétant bien les sensations d’immensité et d’insaisissable que l’on peut ressentir quand on se trouve sur le toit du monde.

L’histoire a ses longueurs, mais je ne vois pas comment on aurait pu raconter une quête sans inclure ses moments d’hésitation et ses temps morts ; sur un peu plus de deux cents pages, j’en aurais retranché vingt au maximum — on ne peut pas dire que le récit soit ennuyeux, malgré ces petits soupirs narratifs. Une seule planche m’a vraiment laissée perplexe — tout le reste m’a démontré à quel point mon ami avait développé son écriture scénographique depuis ses débuts. Je l’ai senti mûr, humble, vulnérable et transparent.

J’ai dévoré ce livre et je le conseille à toute personne s’intéressant à l’Asie pour le bouddhisme et ses sagesses, notamment le Népal et le Tibet. Si vous n’y connaissez rien, ne vous inquiétez pas ! Le lecteur n’est pas abandonné au milieu de concepts et de références exotiques — tout est expliqué succinctement et vous en apprendra un peu sur la religion de laquelle je me réclame.

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