Lectures : La diagonale du vide de Mathieu Mouillet

Un voyage exotique en France

Ma note : 3 étoiles sur 5

J’avais vaguement entendu parler des voyages de Mathieu Mouillet en France, mais pas au point de lire son blog ou de suivre ses aventures assidûment. Ce qui a piqué ma curiosité, c’est de voir son livre complété avec comme sous-titre « Un voyage exotique en France ». Grande partisane de « l’aventure locale », j’y voyais un exemple marquant de cette façon de voyager pour laquelle je milite : une idée, une contrainte, un terrain de jeu.

La diagonale du vide, c’est cette France peu connue, peu peuplée et laissée pour compte de la désindustrialisation. Pire que la Province, c’est une France à l’intersection des steppes arides et des déserts de pierre. Pour quelqu’un qui comme moi aime l’Arctique, le Kazakhstan et autres Kiffistans, le vide est un sujet grisant. La marche et le vélo comme modes de voyage doux au fil du sol, c’est aussi le silence, la perturbation la plus minime du paysage et de l’immensité.

L’auteur s’insère ainsi dans une toile quasi immobile, avec une roue et parfois sur deux. Son texte s’étend comme un long poème sans rimes, un pied devant l’autre, de la strophe au département. L’écriture prend son temps, s’attardant d’un paysage à l’autre dans sa singularité, tantôt embrassant l’Humanité et ses Personnages, tantôt misanthrope. On y découvre des portraits magnifiés de ceux qui ont choisi de faire un pas dans le vide, les Indiana Jones de la campagne, du cultivateur de safran au chaman en passant par tous les créateurs et entrepreneurs de l’art. Mais parfois, après quelques bières, il est temps de remettre un pied devant l’autre, de dire au revoir à l’Autre et d’avancer malgré les considérations terre à terre de la météo ou du mal de dos.

J’ai lu ce livre en version numérique PDF sur ma liseuse, photos en noir et blanc. Malgré ces contraintes les photos m’ont apporté de l’air et m’ont fait plonger dans le vide. Si j’étais d’abord sceptique quant à la mise en page particulière de ce bouquin, elle m’a finalement convaincue de sa poésie et de sa pertinence dans le rythme. J’ai pris de longues pauses entre les chapitres (départements) et j’ai regretté qu’il n’y ait pas plus de cartes pour mieux visualiser les trajets. Enfin, la version que j’ai eue en main comportait encore son lot de coquilles, mais ça ne gênait pas la lecture outre mesure; c’est un peu le risque (ou le charme) de l’auto-édition…

Je recommande cet ouvrage à ceux qui se demandent si l’on peut vivre des aventures en France et qui souhaitent faire eux aussi l’expérience grisante du vide. Les futurs néo-ruraux y trouveront aussi leur compte car ce livre est bordé de présent et d’espoirs pour les campagnes, nous faisant remarquer que la vie est belle et bien là où le paysage nous paraît immobile, si on prend le temps d’y porter attention.

Se procurer le livre (papier ou numérique) sur le site de l’auteur

 

 

2 Commentaires for “Lectures : La diagonale du vide de Mathieu Mouillet”

Mat

dit :

Merci pour le retour critique Annick-Marie.
La version électronique que tu as lue n’était pas aboutie, et elle n’est pas encore en vente pour les raisons que tu indiques. La version papier compte en revanche une carte en couleur au dos de la jaquette qui permet de situer l’itinéraire et quelques uns des endroits par lesquels je suis passé.

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