Marathon de Pouce de la Gaspésie : Carnet de bord par Céline Fernbach

pouce-auto-stop-marathon

Les aventures de Céline Fernbach au Marathon de Pouce de la Gaspésie 2016

En août dernier se tenait le premier Marathon de Pouce de la Gaspésie, un festival d’auto-stop qui se répétera l’an prochain la deuxième semaine d’août. À vos calendriers !

Je n’ai malheureusement pas pu y aller, étant déjà en Europe à cette période, mais j’ai dépêché sur place ma photographe voyageuse préférée, Céline Fernbach. Voici un résumé de ses aventures gaspésiennes et marathoniennes.


Lundi,  le 8 août – Jour 1

Ce matin, je me suis préparé un itinéraire très léger de Maria à Escuminac. Mon sac est lourd. À peine déposé sur le trottoir à Maria, je lève le pouce et une voiture s’arrête. Ça c’est de la chance quand on sait que j’ai passé presque une heure au même spot il y a deux semaines ! Michel, dépanneur informatique, s’en va à Saint-Omer. On jase chasse, forêt et tout ça… Il s’arrête en chemin pour voir une moto à vendre ; son fils de douze ans et lui partiront bientôt à la chasse ensemble et il lui faut un deux roues pour braver les sentiers étroits de la forêt.

À Saint-Omer, même numéro gagnant : une voiture avec trois gars s’arrête en deux minutes. Ils rentrent de vacances à Percé. Bien que leurs affaires de camping prennent de la place, ils tassent tout et m’invitent à monter. Deux d’entre eux ont pas mal voyagé sur le pouce, ça leur fait plaisir de filer un coup de main… Et moi aussi ça me fait plaisir !

Déposée à Escuminac, je marche cinq minutes en m’éloignant de la route 132, un camion de livraison s’arrête. Je reconnais le chauffeur, il m’a fait un lift il y a deux semaines à peu près au même endroit ! On rigole et je le remercie, mais je continue à pieds. Il ne me reste que 500 mètres pour arriver à mon premier arrêt de la journée : la Savonnerie du village.

Démarrée il y a moins de quinze ans, cette entreprise familiale de fabrication de savon a pour origine un troupeau de quatre chèvres. Vous ne rêvez pas, ici on fabrique le savon et les produits de beauté à partir du lait de chèvre ! L’arrêt vaut le coup, l’accueil est très sympa et les chèvres se laissent flatter.

Six cent mètres plus loin, sur la petite route qui longe la mer, je trouve l’atelier de Caroline Dugas, plus connue sous le nom de La Fée Couleur, partenaire du Marathon de Pouce. Elle m’accueille très amicalement et me fait visiter son domaine qui en plus de son atelier comprend : une grange, encore des chèvres, des poules, une volière avec plusieurs oiseaux dont Merlin (un paon apprivoisé), des petits massifs comestibles et fleuris et un beau jardin en permaculture. Les légumes y sont heureux et ça se voit, ils poussent en titi ! Caroline prend la pose avec ses deux chiens devant une parcelle dont elle est fière, et pas pour rien ; il s’agit d’un concours de longueur d’un seul pied de courge qu’elle dispute avec ses parents et amis !

Je passe l’après midi à son atelier et je fais la connaissance de Damien, son stagiaire, qui s’occupe de plisser un sari récupéré auquel Caroline a ajouté des parties en feutre. Son univers très coloré est vraiment diversifié ; du textile à l’illustration en passant par la confection de chapeaux et de bijoux, Caroline est une artiste multi-talents ! Elle m’invite à rester chez elle ce soir, et je suis ravie de pouvoir passer la nuit sur le canapé au lieu de planter la tente : dehors, il fait ben FRETTE !


Mardi,  le 9 août – Jour 2

Aujourd’hui, un beau décollage depuis Escuminac puis une petite heure de bronzette en plein soleil sur le bord de la route dans la vallée de la Matapédia. Puis, j’ai eu un lift direct par un couple de retraités qui rentre de vacances dans le Nouveau Brunswick. Un convoi de transport d’éolienne nous ralentit un bon moment et je découvre avec plaisir une grande route Gaspésienne que je ne connaissais pas entre Amqui et Matane. On me dépose à l’entrée de la ville, où j’ai été interviewée par Carolane Giroux pour la radio CHRM Matane 105,3 FM.

Pour conclure la journée et  digérer ces 180 km su’l pouce, je déguste une petite bière à La Fabrique. Un mini-lift plus tard, gentiment offert par l’ancienne propriétaire de l’auberge vers laquelle je me dirige, me voilà autour d’un feu de grève au Manoir aux Sapins.


Mercredi, le 10 août – Jour 3

Ce matin, la chaîne de télévision TVA est de passage pour interviewer la propriétaire du Manoir aux Sapins au sujet du Marathon de Pouce, et en profite pour m’embarquer sur quelques kilomètres afin de trouver un bon spot à la sortie du village pour me filmer en train de tendre le pouce. Fait assez exceptionnel pour être souligné, deux chars s’arrêtent en même temps, devant la caméra, pour m’offrir un lift direct jusqu’à Sainte-Anne-des-Monts.

Une fois déposée sur le stationnement de la boulangerie Marie 4 poches, je reconnais le bazou de France et Bruno de la Coop du Cap et charge mon sac dedans sans vergogne aucune. France sort de la boulangerie en rigolant, avec un petit pain pour moi. Le monde est petit en Gaspésie !

Elle m’emmène visiter l’atelier de la céramiste Nathalie Dumouchel qui a eu la gentillesse de me recevoir. Si vous habitez en Gaspésie, vous avez forcément une de ses oeuvres chez vous…

La troupe du Théâtre Témoin joue sa pièce Au pied de la lettre toutes les fins de semaines à Exploramer et un de leurs musiciens profite du beau temps pour faire de la promo devant l’épicerie. On se croise et se recroise, une autre pouceuse passe par là mais le char est déjà plein… Elle finira par arriver avant moi à Cap-au-Renard.

On se retrouve tous le soir même autour du feu de rassemblement au Hameau 18 à Cap-au-Renard avec une affluence record !

Tout le monde a passé une super soirée sous le signe de la musique, la pluie n’ayant pas empêché la fête de se prolonger jusque tard.


Jeudi, le 11 août – Jour 4

Aujourd’hui je suis en congé, c’est mon anniversaire.

Je fête mes vingt-sept ans au Hameau 18 avant de reprendre la route ce soir pour Mont Louis. On se voit au feu de grève à la Pointe Sec à 21h !

(Vous allez rigoler, mais… J’ai pas bougé de Cap-au-Renard. La fête s’est prolongée 😉 )


Vendredi, le 12 août – Jour 5

Pour rattraper le retard de la veille, une joyeuse bande de passage m’offre un super lift direct de Cap-au-Renard à Gaspé en direction du festival du Bout du Monde. Ca ne se refuse pas !
Soirée mémorable sous le chapiteau de Gaspé avec Vox Sambou, les Cowboys Fringants et des artistes de cirque pendant l’entracte. Le public est en feu, les Cowboys aussi, les bars et les rues de Gaspé sont remplis, la nuit fraîche est bien réchauffée !

Exceptionnellement, ce soir, c’est moi qui chauffe : les copains ont trop bu. Qui aurait cru qu’une Française serait perdue au volant d’un char manuel ? Je n’ai pas conduit depuis plus d’un an… et ça se voit. La police m’aligne au premier croisement, jette un œil au contenu bien imbibé sur la banquette arrière, me souhaite bon courage et me laisse repartir avec le chargement aviné. Ouf !


Samedi le 13 août – Jour 6

Sixième jour du Marathon de pouce en Gaspésie : reprise de la route en direction de Chandler. Je tombe sur l’un des vidéastes du festival du Bout du Monde qui s’en va à Percé tourner quelques plans d’illustration. On passe un petit moment à chercher de beaux points de vue en hauteur.

Quelles étaient les chances, en levant de nouveau le pouce au bord de la route, de tomber sur le compagnon de Karen Golden qui m’emmène directement à son atelier à Cap-d’Espoir ? Beau hasard et quel plaisir de revoir des têtes connues ! Karen me montre son petit atelier, de belles pièces en céramiques sont en cours de réalisation.

Je finis la soirée à Chandler en visitant le parcours Nova Lumina, un mélange de son et de lumière à la recherche des étoiles. L’installation est vraiment bien faite, on se laisse prendre au jeu. En demandant aux employés du parc où je peux planter la tente, ils m’indiquent une plage non loin des installations. Bonne nuit !


Dimanche le 14 août – Jour 7

Pour le septième et dernier jour du Marathon de pouce en Gaspésie, je me suis réveillée sur la plage déserte de Chandler sous la pluie. Amis pouceux, le camping y est autorisé et vous trouverez des toilettes et des douches gratuites vraiment pas loin. Je marche plusieurs kilomètres avant de rejoindre la route 132, un artisan du coin m’a avancée un peu et a même fait un détour pour m’emmener plus loin.

Un couple de retraités me récupère ensuite devant le pont de Port-Daniel. Papi-Schumacher appuie sur le champignon pour impressionner mamie, qui le réprimande aussi sec. Nous nous arrêtons à Paspébiac, on l’on m’offre gentiment un café et un muffin. C’est la réunion du dimanche du troisième âge au Tim Horton’s, et je me retrouve aussitôt entourée de papis et mamies tous aussi curieux les uns que les autres. Ils me posent des dizaines de questions sur le Marathon de pouce, les voyages, le volontariat… et ne me lâchent plus ! L’heure tourne, et je repars avant que la pluie ne me rattrape.

Arrivée à Bonaventure, je flâne dans le village et visite quelques galeries. Mon coup de cœur va à celle de Rachel Thibault, artiste en arts visuels qui mêle le dessin à la lithographie. Très belle rencontre, n’hésitez pas à vous y arrêter !


tour-gaspesie-celine-marathon-de-pouce-2016
Je boucle enfin mon tour de la Gaspésie en rejoignant Maria après une semaine et 750 km sur le pouce et d’innombrables belles rencontres. Trempée et fatiguée, je balance mon sac sur le paillasson de Patrick avant de m’écrouler dans son canapé. Ce n’est pas mon premier tour de Gaspésie, mais comme à chaque fois les découvertes ont été nombreuses. Ce qui est sûr, c’est que je reviendrai !

Un grand merci à tous les gens qui m’ont ramassée sur le bord de la route, à ceux qui ont fait des détours, à ceux qui ont partagé un brin de jasette, à ceux qui m’ont accueillie chez eux et à tous les amis que j’ai revus pendant cette semaine !

2 Commentaires for “Marathon de Pouce de la Gaspésie : Carnet de bord par Céline Fernbach”

Laisser un commentaire