Publier un livre sur le voyage

Impossible de décrire l’émotion intense qui m’a envahie lorsque j’ai enfin reçu ma copie de La Bible du grand voyageur par courrier, 1001 jours exactement après le premier email échangé avec Guillaume et Nans. J’ai jubilé, j’ai pleuré, j’ai ri toute seule de longues minutes. Accoucher de mon bébé, enfin !

Vous avez été ensuite nombreuses à m’écrire pour me parler de vos projets voyage mais aussi votre souhait de pouvoir un jour vous aussi publier un livre. À défaut d’avoir la recette magique, il me fait plaisir de partager avec vous ce qui semble avoir fonctionné pour nous.

5 conseils pour publier un livre sur le voyage

Étudiez le marché

Je déteste le marketing. Pourtant, cette étape est rapidement devenue ma préférée.

Nous avons d’abord sondé nos proches à l’aide d’un questionnaire. En quelques lignes, nous avons résumé le concept du livre. Puis, question après question, on leur a demandé de l’imaginer : taille, coût, format, couleur, titre, etc. On leur a demandé leur avis sur des mots clés, sur un titre, mais aussi s’ils connaissaient des ouvrages similaires ou s’ils avaient des lectures à nous conseiller. C’était vraiment un plaisir de partager cette information là avec eux, d’avoir leur opinion.

Flickr : Librairie du voyage – Rennes
Mais ce que j’ai préféré, c’est de me balader dans les librairies et les bibliothèques et d’imaginer sur quel rayon l’on retrouverait notre livre. Je me suis mise à la place d’un libraire et j’ai pensé qu’il faudrait qu’il comprenne immédiatement où placer notre livre. Sinon, c’est un indice que notre concept n’est pas encore assez clair. J’en ai profité pour recenser les maisons d’édition qui publient des livres se retrouvant sur ce rayon, repérer les collections intéressantes, etc. Cette étape nous a beaucoup été utile pour la recherche d’information, mais aussi pour savoir quelles maisons d’édition démarcher par la suite.

Écrivez régulièrement

Soyez très discipliné. Arriver à travailler une dizaine d’heures par semaines, ça peut vouloir dire sortir son netbook 20 minutes deux fois par jour dans le métro, manger 4 repas devant l’ordinateur, utiliser une technique de productivité type Pomodorro… Prévoyez des moments pour l’écriture. Nous étions en voyage ou nomades pendant une bonne partie de l’écriture de la BDGV. Nous avions tout de même des objectifs d’écriture assez précis, par mois d’abord puis par semaine. Nous ne les avons bien sûr jamais respectés, mais ça nous a aidé à maintenir la pression. Demandez à une personne de confiance de vous coacher. Plutôt que de répondre aux questions du genre : « Alors, ton livre, ça avance ? », rapportez précisément à cette personne où vous en êtes et les étapes prévues pour la ou les semaines à venir.

Mille fois sur le métier, remettez votre ouvrage

Pas de surprise ici, écrire un (bon) bouquin, c’est énormément de boulot. Chaque chapitre de la BDGV a été révisé et décortiqué deux fois par les auteurs, puis une troisième fois par une équipe de bénévoles (au moins quatre personnes successivement, en intégrant des corrections à chaque vague) et une quatrième fois avec la maison d’édition. L’écriture et les deux premières révisions nous ont pris environ un an, les corrections et révisions avec la maison d’édition ont globalement pris le même temps.
La qualité du français écrit est très importante, mais le style aussi. Chez Lonely Planet, on nous a félicité d’avoir présenté un manuscrit aussi fignolé : ça a joué en notre faveur. Par contre, il a fallu prendre la critique à toutes les étapes précédentes… Et ça a parfois été franchement difficile.

Préparez un dossier de présentation

Pendant que je coordonnais les corrections avec les bénévoles, Nans et Guillaume préparaient un dossier de présentation du livre à l’intention des maisons d’édition. On y retrouvait, en ordre :

  • Une page couverture potentielle avec titre et sous-titre
  • Une quatrième de couverture accrocheuse présentant le livre
  • Une page sur le contexte actuel et pourquoi ce livre est d’actualité
  • Un plan détaillé du contenu avec une courte description de chaque chapitre
  • Une biographie des auteurs avec photo
  • L’avant-propos et l’introduction
  • Quatre chapitres étoffés dont un plus audacieux
Le tout était présenté avec un graphisme soigné, aéré et en couleur, sous format PDF. On avait donc quelque chose de très concret à présenter à notre interlocuteur.

Ciblez vos efforts

Beaucoup de maisons d’édition ont des exigences précises sur les manuscrits qu’ils acceptent de prendre en compte. Nous avons repris la liste des maisons d’édition qui pourraient être intéressées par notre bouquin, puis, nous les avons triées et annotées : quel est leur site Web ? Quelles sont leurs exigences ? Y avons-nous un contact ? Dans quelle collection notre livre peut-il s’insérer ? Enfin, nous avons identifié nos trois préférées et avons commencé à les démarcher.
Nous n’avons démarché intensément qu’un éditeur à la fois. J’ai lu quelque part que l’on ne fait pas un trou dans la glace en donnant 1000 coups à 1000 endroits différents, mais bien en donnant 1000 coups au même endroit.
Nous avons d’abord essuyé un refus, la maison d’édition ne se sentant pas prête à faire du livre numérique. Ça a été un coup dur et beaucoup de temps perdu… Mais en coulisses, nous améliorions le produit et Nans avait un projet vidéo qui débouchait, nous offrant un argument supplémentaire…
Imaginez notre joie en recevant l’invitation de passer discuter de tout ça à Paris…
Photo : Catherine Dumont

 

Alors voila, notre expérience se porte sur un guide de voyage, mais en discutant avec des écrivains-voyageurs, nous avons remarqué des points communs avec d’autres publications du voyage.

Notez aussi que lorsque vous avez acquis une certaine notoriété, la réalité change car vous avez fait vos preuves et vous n’êtes plus un aussi grand risque pour la maison d’édition.

Avez-vous déjà tenté d’écrire un livre sur le voyage ?
Quelle est votre expérience ?

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