Spontanément, la Zélande

Anick-Marie vélo ZélandeEn quittant la plage d’Oostkapelle où nous avions planté la tente en cachette, nous bénissions les vagues qui avaient accompagné notre sommeil, loin des vuvuzelas hurlantes. Les Pays-Bas avaient perdu en quart de finale contre l’Allemagne et, à vrai dire, on s’en fichait un peu. Au moins la nuit prochaine présageait d’être aussi calme, à passer quelque part près de Zierikzee.

Notre tour de la Zélande à vélo allait bon train et nous improvisions tout sauf le trajet : la nourriture, l’hébergement… Même la chambre à air de la roue avant de mon partenaire y mettait du sien, se dégonflant joyeusement tous les cinquante kilomètres.

La Zélande est une région insulaire et péninsulaire sous le niveau de la mer et ce sont des digues longues de plusieurs kilomètres qui relient les différentes parties entre elles. Souvent, c’est une voie entière qui est consacrée au passage des vélos, parfois même deux. Les digues se poursuivent le long des côtes, parfois successivement, laissant entre elles des bassins fauniques, des marais salants.

Le quasi-hasard de nos itinéraires nous amena à nous arrêter près de Sirjansland, un petit village agricole près de la prochaine digue que nous aurions à franchir à vélo le lendemain matin. De la route, nous voyions de temps à autre des escaliers menant au sommet ou de l’autre côté de la digue, accès à la mer des riverains. C’est dans un de ces petits parcs que nous comptions passer la nuit, discrètement, après nous être baignés.

Il faisait un peu gris et nous craignions la pluie, mais nous eûmes surtout de la visite. Un homme et un chien, un deuxième homme et son chien. Nous ne pouvions pas monter la tente devant eux et avions caché les vélos, faisant mine de pique-niquer. Lorsque le premier fut parti, le second nous aborda. Bernard et lui engagèrent la conversation en néerlandais – pour ma part, j’intervins rapidement en anglais. Nous échangeâmes ainsi quelques bonnes minutes, lui confessant notre désir de passer la nuit sur place. Spontanément, il nous invita à planter la tente sur le terrain de sa ferme, à moins de deux kilomètres de là. Nous hésitâmes quelques moments, puis le suivîmes.

C’est sans regret que je repense à cette expérience d’hébergement spontané, de solidarité entre cyclistes, puisqu’il en était un au bien plus long cours que nous. Il avait déjà fait plusieurs périples de plus de mille kilomètres à travers l’Europe et était membre d’un club cycliste. C’est pour cette raison qu’il nous a invités, parce que lui même avait été invité maintes fois lors de ses propres aventures.

Autour d’une tasse de thé, il déplia les cartes, sortit les albums photo, nous présenta sa femme, un chevreau et le dernier poulain. Nous ne dormîmes pas très bien, car Georges le crapaud coassait avec ses frères à s’en déchirer la peau… Mais nous nous sentions un peu chez nous, ainsi accueillis dans une oasis pour cyclistes!

 

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