Autostoppeuses fantastiques : Amélie et Marion Laurin

Deux soeurs en auto-stop à travers les Amériques. Je me suis demandée comment j’avais bien pu laisser passer cette histoire…

Amélie Laurin et Marion Laurin sur la route en auto-stop avec leurs sacs à dos

Femmes d’aventure, elles m’ont écrit d’elles-même après avoir entendu parler de mon travail via une de leurs lectrices en Nouvelle-Calédonie (Coucou toi !). Je me suis empressée de récupérer leur bouquin afin de vous en faire comme d’habitude une bonne lecture critique…

photo du livre jusqu'au bout de la terre de Marion et Amélie Laurin

Mais le livre étant assez lourd et volumineux (414 pages & 675 grammes… mais disponible en e-book également), il me faudra encore quelques semaines pour en boucler la lecture au travers de mes différentes activités (updapte : c’est par ici). Pour vous faire patienter, j’ai demandé aux sœurs de bien vouloir me faire l’honneur d’inspirer mes lectrices en répondant au questionnaire des Autostoppeuses fantastiques.

Qui êtes-vous ? Présentez-vous en quelques mots pour les lectrices de Globestoppeuse.

Nous sommes deux sœurs, Amélie (34 ans, photographe) et Marion (32 ans, serveuse). Comme beaucoup de fratries, on ne s’entendait pas très bien à l’adolescence. Pour y remédier, on s’est lancé un défi en 2006, partir en duo pour un road-trip de 4 mois en Australie. On a découvert que malgré nos différends (et nos différences !), on était très complémentaires. De ce voyage est né une grande complicité et l’envie d’explorer toujours plus. En 2010, après des années à économiser et à rêver, on est parties à l’aventure pour deux ans sur les routes des Amériques. Au final, on a traversé 19 pays et parcouru 80 000 km en stop dans plus de 800 véhicules. De quoi se rapprocher encore un peu plus !

mosaique de photos des deux soeurs Amélie et Marion Laurin dans leur voyage aux Amériques

Comment décririez-vous votre style de voyage ?

En deux mots : Carpe Diem. On ne planifie rien, on se laisse porter par l’imprévu. Chaque jour a son lot de surprises et c’est justement ce qui rend les voyages passionnants.

Vous êtes des auto-stoppeuses. Que pensez-vous de l’auto-stop ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Amlie et Marion Laurin en auto-stop lors de leur voyage Jusqu'au bout de la terreAvant de traverser un continent entier en stop, on avait beaucoup d’a priori sur le sujet. On pensait que les gens (et surtout les femmes) qui se lançaient dans ce genre d’aventure étaient cinglées. Bien sûr, l’auto-stop peut-être dangereux (comme un tas d’autres activités qui font pourtant moins peur aux gens !), mais il a profondément façonné notre voyage. Économique, il est surtout un excellent moyen de rencontrer les locaux et de connaître un pays et sa culture par ses vrais habitants. On peut rencontrer en une journée un clown, un chasseur, un millionnaire, une drag-queen, un sénateur, un paléontologue… C’est fascinant !

C’est aussi l’occasion de se laisser guider par le hasard. Dans notre récit de ce périple aux Amériques « Jusqu’au bout de la terre », on écrit « Notre motivation ? L’imprévu. Que va-t-il se passer demain, où allons nous atterrir et qui va nous y conduire ? […] Ce parfait inconnu a l’air honnête, sincère et sympathique. Où va-t-il et d’ailleurs, où allons nous ? Peu importe ! ». En quelques minutes, on peut rentrer dans l’intimité des gens, on entend des histoires pas possibles, on rit, on s’émeut, on s’énerve parfois et on finit souvent par accepter les invitations à dormir !

Le stop n’est pas toujours facile, l’attente est parfois longue et pénible. Le froid, la pluie, le soleil, le vent ou la poussière peuvent décourager. Les trajets sont souvent inconfortables et les gens pas toujours bien intentionnés, mais c’est le prix de l’aventure. Avec l’auto-stop, notre voyage a gagné en intérêt.

amelie-marion-auto-stoppeuses

Être une femme, en voyage, pour vous, ça change quoi ?

Malgré les inconvénients d’être femmes en voyage dans un monde relativement macho, on s’en est plutôt bien sorties.

Les gens se méfient moins des femmes car, dans l’imaginaire collectif, elles paraissent inoffensives, voire naïves. Certains y voient la possibilité de nous aider sans risque, d’autres plutôt une opportunité. La routarde occidentale a souvent l’étiquette de fille facile. S’inventer des maris nous a parfois aidées, mais quand on nous réplique « Quoi ? Ils vous ont donné l’autorisation de partir seules ? », on se rend compte que le rapport entre les sexes est encore loin d’être équitable. Pour nous, ce n’était pas de l’inconscience que de choisir ce mode de voyage, mais plutôt de l’insouciance.

Mais la médaille a deux faces et le plus souvent être femmes nous a ouvert des portes et a facilité les rencontres. Les gens nous ont souvent dit s’être arrêtés en bord de route ou nous avoir ouvert leur porte pour éviter que quelqu’un de malintentionné ne le fasse.

Routardes oui, mais femmes avant tout. Se contenter de l’essentiel ne fait pas oublier sa féminité. Si on n’avait pas eu à trimbaler notre sac sur des milliers de kilomètres, de véhicule en véhicule, on aurait emmené une paire de talons, un lisseur à cheveux, des boucles d’oreilles et colliers, une jolie robe, plus de produits cosmétiques… On aurait aimé, mais comme on l’a vu écrit quelque part en Patagonie : « All you have is what you can carry ».

Vous avez publié au printemps dernier le livre « Jusqu’au bout de la terre » qui relate votre voyage en auto-stop. Pouvez-vous nous en dire plus long à ce sujet ?

Le drame fait vendre et les médias diffusent souvent des histoires tragiques de voyages qui ont mal tourné. Malgré quelques incidents, on a de très belles histoires à raconter. On a voulu montrer qu’il ne faut pas s’arrêter à des préjugés. On a aussi voulu partager nos expériences sur ce mode de pile de livres Jusqu'au bout de la terrevoyage alternatif et pourquoi pas, donner envie à celles et ceux qui, comme nous avant, pensent qu’ils n’en sont pas capables.

A travers ce voyage carpe diem, nous évoquons notre relation entre sœurs, envers les autres et notre évolution personnelle. Décrire les personnages que nous rencontrons dresse un portrait du lieu où nous nous trouvons. Nous avons pris goût à l’imprévu, aux rencontres insolites, et toujours affirmé notre volonté d’aller jusqu’au bout. Curieuses au départ, on ne savait vraiment pas ce qui nous attendait.

Un conseil pour les femmes voyageuses ?

Ne réfléchissez pas trop avant le départ, partez, parlez la langue du pays, faites les femmes fortes, ayez confiance, armez-vous de patience, imprégnez-vous des expériences d’autres voyageuses, amusez-vous !

Marion et Amélie Laurin au cercle Arctique en Alaska

Merci à ces auto-stoppeuses fantastique de partager avec nous leurs aventures !

Retrouvez Amélie et Marion sur leur site Jusqu’au bout de la terre

Ainsi que sur Facebook et Instagram

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